Le SEREX : un trésor de sciure et de copeaux

Fait indéniable : la forêt regorge de précieuses ressources naturelles. Des microscopiques et des grandioses, des abondantes et des rares, des plus exploitées aux plus protégées. L’arbre, cette ressource à la valeur inestimable, participe à l’évolution de l’homme et de la société depuis la nuit des temps. Il suffit de faire un simple tour sur soi-même pour constater à quel point nos vies sont bâties d’une charpente presque entièrement de bois : les moulures qui décorent nos fenêtres, les ustensiles dans nos cuisines, le papier qui accueillent nos mots, les poteaux qui nous acheminent l’électricité.

Mais au-delà de ces usages du bois bien ancrés dans notre quotidien, un organisme s’affaire à repousser encore plus loin les limites de sa richesse à travers une mission noble, écologique et visionnaire : proposer des solutions innovantes aux entreprises de l’industrie du bois pour diversifier leurs activités et valoriser une utilisation optimale de la matière; bref, apporter une valeur ajoutée à leur exploitation forestière dans une visée environnementale. Telle est la raison d’être du Service de recherche et d’expertise en transformation des produits forestiers, communément appelé le SEREX, dont le siège social se situe à Amqui, au Bas-Saint-Laurent.

Fondé en 1998 en tant que centre de recherche à l’appui de l’industrie du bois, le SEREX devient en 2007 un Centre collégial de transfert de technologie (CCTT) affilié au cégep de Rimouski. Il est aussi membre du Réseau Trans-Tech avec 58 autres CCTT ayant toutes des expertises diverses. Dans ses bureaux et laboratoires fourmillent 17 employés offrant des services de recherche appliquée, d’aide technique, de formation et de diffusion d’information selon les besoins de la clientèle. Voici quelques projets sur lesquels le SEREX planche, passant de la transformation du bois à la chimie durable, et des énergies renouvelables à l’écoconstruction.

Entre l’arbre et l’écorce

Qu’advient-il de l’écorce, le manteau tantôt doux tantôt rude de l’arbre lorsqu’il est abattu et scié vers sa deuxième vie? Elle s’envole en cendres, brûlée pour en récupérer seulement l'énergie. Le SEREX s’est donc penché sur la question de la valorisation de l’écorce. L’organisme a réussi à retirer les extraits naturels qu’elle contient et qui entreront ensuite dans la fabrication de produits de commodité, comme une colle naturelle à panneau de bois. Le SEREX a alors approché le Groupe GDS en tant que partenaire producteur, qui fournira ensuite des partenaires utilisateurs. Ainsi, le SEREX permet à GDS de réduire son empreinte écologique et de varier son panier de produits grâce à une activité parallèle hors du domaine de la construction.

Le ménage dans les produits ménagers

Et cette écorce aux propriétés encore trop méconnues pourrait aussi changer le monde du produit nettoyant. Les extraits naturels que le SEREX en retire sont aussi utilisés dans l’élaboration d’agents biocides voués à remplacer les sous-produits du pétrole que l’on retrouve dans les nettoyants antibactériens courants. C’est avec le CRBM (Centre de recherche sur les biotechnologies marines) de Rimouski que le SEREX collabore afin de tester l’efficacité de ces extraits à détruire les organismes nuisibles de nos surfaces.

En veux-tu, des copeaux? En v’là!

Outre l’écorce, le SEREX cherche à valoriser un autre coproduit de l’exploitation forestière. Les copeaux de bois issus du sciage prennent habituellement le chemin des usines de pâte et papier. Mais comme cette industrie traverse une période plutôt instable, les monticules de copeaux s’accumulent et peinent à trouver preneur. Et les copeaux sous leur forme actuelle nécessitent une seconde transformation, fort coûteuse, afin d’être réutilisés. Le SEREX s’est donc allié à FPInnovations pour développer un procédé de sciage qui produira la forme de copeaux adéquate pour leur transformation future en produits à valeur ajoutée tels que des isolants écologiques en fibres de bois.

Du bois, de haut en bas

Le SEREX se veut aussi le porte-étendard de l’écoconstruction via l’intégration de produits en bois. L’organisme travaille présentement sur une vitrine technologique qui mettra en opposition deux mini-bâtiments à l’apparence semblable, mais l’un sera construit selon le code de la Régie du bâtiment, et l’autre composé d’un maximum de matériaux dits biosourcés, soit des produits de bois (structure, isolation, revêtement, colle, etc.). Ces deux mini-bâtiments, érigés sur le terrain du SEREX, serviront à collecter des données comparatives d’efficacité énergétique et d’empreinte carbone.

Et la liste des projets du SEREX s’allonge... tous aussi originaux et audacieux les uns que les autres, tous aux services des nombreuses métamorphoses que peut subir le bois... au-delà d’une simple planche. Car d’ici plusieurs années, on le souhaite, peut-être sera-t-il devenu anodin de retrouver du bois dans nos produits nettoyants, dans nos cosmétiques, du toit jusqu’à la fondation de nos maisons, grâce à des organismes comme le SEREX. À ce moment-là, malgré une mission accomplie, ses techniciens et ses chercheurs seront déjà affairés à une autre révolution. Merci SEREX!